Elle m’avait poussé. Elle m’avait poussé putain ! Je ne saurais pas expliquer la raison pour laquelle elle l’avait fait, mais je l’avais vu. L’eau était glaciale. Avec l’élan de ma chute j’étais arrivée vite et l’océan avait pris le dessus. Il faisait sombre et je ne me repérais pas bien sous l’eau. Je me débattais, tentant de sortir ma tête de l’eau. Je commençais à manquer d’air. Les vagues me désorientaient et j’avais beaucoup de mal à retrouver mes repères.
Je parvins enfin à atteindre la surface après de longues secondes de lutte avec l’océan. L’air rentra dans mes poumons avec difficulté et me brûla la gorge. Je tentais d’ouvrir mes yeux, emplis de sel et regardais autour de moi à la recherche du bateau duquel j’étais tombée. Ou plutôt duquel on m’avait jetée. En me retournant je le vis. Il était déjà loin évidemment. Je n’en revenais pas. Ça ne pouvait pas m’arriver, pas à moi !
Sentant ma gorge se serrer et mes larmes se loger dans le coin de mes yeux, je tentais de me calmer. De réfléchir surtout. L’eau commençait à engourdir mes muscles. Il fallait que je trouve un moyen de garder ma tête à la surface et, si possible, de retrouver la terre ferme. Le bateau avait emporté avec lui tout espoir de survie, et aucun objet flottant n’était visible aux alentours. Je m’efforçais de garder espoir.
Soudain, une vague gigantesque s’abattit sur moi et me remit la tête sous l’eau. La mer s’agitait, le courant était devenu beaucoup plus fort. Je ne parvenais plus à m’orienter vers la surface et n’avais pas eu le temps de prendre d’inspiration avant d’être engloutie par les flots. J’allais avoir besoin d’air rapidement.L’eau commençait à s’engouffrer dans ma gorge, par mon nez et ma bouche.
Le sel me brûlait la peau et les muqueuses. Je commençais à avoir le mal de mer à force de me faire balloter par les vagues. Ne trouvant toujours pas la surface je paniquais. Mes gestes se faisaient plus saccadés et mon cœur s’accélérait de secondes en secondes. J’avais peur. Je ne voulais pas mourir. Mais l’eau commençait à rentrer dans mes poumons. Je la sentais, piquante, prendre possession de mon corps. Je luttais pour ma vie, je me battais contre l’océan mais en vain.
Mon corps lâcha prise avant moi. J’avais eu beau lutter contre mon envie irrépressible de respirer, ma bouche s’ouvrit toute seule essayant de remplir mes poumons d’air. Mais cela m’a conduit à ma perte. Lentement, mes poumons se remplissaient d’eau salée et mes muscles, complètement gelés, ne répondaient plus. Je m’enfonçais dans l’océan, j’avais peur, j’avais froid.
Soudain, le bruit d’une mouche tournant au-dessus de ma tête me réveilla. Elle avait dû rentrer par le hublot de la cabine la veille lors de notre escale. Encore un peu secouée par ce rêve troublant, je me rendis compte que j’étais frigorifiée. Il fallait que je remonte sur le pont, rejoindre ma sœur et ses amies. Elle avait insisté pour que je l’accompagne, m’encourageant à prendre un peu de vacances après la période chargée que j’avais eu au travail quelques semaines plus tôt. Nous étions alors parties pendant la période de mon anniversaire, que l’on a fêté sur le bateau, ensemble.
Je me préparais et sortais de la cabine.
J’arrivais sur le pont la dernière. Tout le monde discutait et rigolait et cela me fit chaud au cœur. Nous nous étions faites quelques nouvelles amies pendant la croisière et j’étais contente que le groupe s’entende bien. Cherchant ma soeur des yeux, je ne la trouvait pas. Consciente qu’elle mettait toujours du temps à se préparer, je levais la main en signe de bonjour et avançais jusqu’à mes amies.
Mais avant que je puisse les atteindre, une main m’attrapa par l’épaule et me dévia de ma trajectoire.
J’eu à peine le temps de voir son visage, mais je l’ai reconnue tout de suite. Les traits du visage de ma soeur étaient déformés par la haine.
Elle me poussa dans le vide. J’atterrissais dans l’eau glacée, tandis que le bateau commençait déjà à s’éloigner.
Personne ne m’avait vu tomber, et j’eu beau crier, je fus abandonnée à la mer.
FIN


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