Une ombre me regardait à travers les arbres. Une autre me barra le passage avant de disparaître, ce qui eut pour effet de me faire enfoncer la pédale de frein. En tournant la tête sur ma gauche, j’en vis une autre qui se précipita vers moi et qui enjamba la route avec une facilité déconcertante.

J’avais peur. Mais je ne me laissais pas faire. Il fallait que je reste forte. Un jour ça finirait par s’arrêter. Un jour on me prendrait au sérieux.

Une fois arrivée chez moi, je dis bonjour à mes parents qui venaient de se lever, et montais dans ma chambre pour commencer à travailler. J’enlevais d’abord les étoiles en plastiques verts qui étaient collées un peu partout sur les murs et le plafond. Je décollais mes vieux posters et les jetais à la poubelle avant de couvrir les meubles d’une bâche protectrice pour commencer à peindre.

La première couche finie, mon mal de tête revint. Les visions ne tardèrent pas à réapparaître elles-aussi. Je m’assis en boule au milieu de la pièce, priant pour que cela passe le plus rapidement possible.

A travers mes bras croisés je pouvais voir que les ombres étaient bien là, et qu’elles se déplaçaient dans la pièce.

Le plus difficile pour moi était de savoir que personne ne me croyait. J’avais toujours dû affronter tout cela seule. Comment leur expliquer que mes cauchemars me suivaient même à mon réveil ? Comment pourraient-ils l’imaginer ?

Je levais la tête, les ombres s’étaient évaporées. Je me levais alors pour aller dans la cuisine, pour chercher quelque chose à grignoter. Je trouvais cependant que l’ambiance de la maison avait changé. Tout était plus sombre. L’atmosphère était devenue oppressante et j’avais du mal à respirer. Tout cela m’inquiétait. J’avais l’impression que c’était loin d’être fini. La maison était vide et ce n’était pas normal. 

Je décidais d’aller un instant dehors pour m’aérer l’esprit.