L’aube

Enfin en dehors de son lit, Eli se sentit faible. Ses jambes avaient du mal à la soutenir, elle se sentait fatiguée. Peut-être ce mauvais rêve l’avait-il empêché d’avoir un sommeil réparateur.

Encore à moitié endormie et pas très sûre de ce qu’elle devait faire, Elisabeth s’enroula dans un plaid, posé sur le bout de son lit, et sortit de sa chambre. La maison était tout à coup pleine de vie. Sa mère avait mis un fond de musique dans le salon, et cuisinait, à en juger par l’odeur, des crêpes. C’était le goûter préféré de la fillette et elle y avait systématiquement le droit lorsqu’elle était malade.

Attirée par le chantonnement et la bonne humeur contagieuse de Sabrina, la jeune fille descendit rapidement les escaliers et rejoignit sa mère dans la cuisine.

Sabrina accueillit sa fille d’un grand sourire, bien qu’une pointe d’inquiétude puisse se lire dans ses yeux, et elle demanda :

— Comment te sens-tu ma puce ?

— Euh… Un peu fatiguée bizarrement.

Sa mère lui expliqua alors qu’elle était arrivée dans sa chambre le matin et avait trouvé Eli haletante dans son sommeil, brûlante. Elle l’avait alors laissée dormir.

La jeune fille, pendant qu’elle sortait deux assiettes et du sucre du placard, repensait à ce qu’elle avait vécu pendant la nuit. Cela l’intriguait beaucoup.

Après trois crêpes au sucre chacune, mère comme fille n’en pouvaient plus. Elles rangèrent la cuisine et Eli partit se laver. Cette fois, l’eau coulait bel et bien, chaude. Le lavabo avait d’ailleurs retrouvé sa place initiale. 

Puis elle sortit de la douche, se sécha et s’habilla. Elle se remit en pyjama, puisque la journée était déjà bien avancée.

Après avoir passé une soirée rigolade et films comiques avec sa mère, la fillette, le ventre bien rempli par une pizza surgelée achetée pour fêter le weekend, alla se coucher.

Sa mère vient la border et lui souhaiter une bonne nuit après lui avoir lu une histoire des plus amusante sur un lapin qui n’aimait pas les carottes.

Sabrina se décida enfin à quitter la chambre de sa fille lorsque celle-ci fut endormie. Mais une fois encore la nuit d’Eli fut mouvementée.

De nouveau, elle se réveilla dans le noir. Mais cette fois-ci elle avait peur. La jeune fille décida tout de même de se lever, comme la nuit précédente, pour voir si la maison était bien la même.

Décidément, tout lui semblait de plus en plus étrange. Puis elle eut une idée : si elle avait l’impression que la maison bougeait, peut-être était-ce à cause de la pénombre. Elle se mit alors en quête de retrouver son lit, et par la même occasion sa table de nuit blanche, sur laquelle sa lampe de chevet était posée. Cependant, son lit était introuvable. Elle s’était éloignée du mur, les bras tendus devant elle, peu rassurée à l’idée de se cogner dans quelque chose. La fillette avançait encore et encore. La pièce lui semblait alors interminable. Revenant sur ses pas, terrorisée et bien décidée à aller dormir avec sa mère, elle ne trouva cependant plus son chemin.

Eli était au milieu du néant. Son souffle s’accéléra et ses muscles se raidirent : elle était terrifiée.

Une odeur nauséabonde lui envahit les narines, puis elle entendit marcher autour d’elle.

Des frissons la parcouraient toute entière, elle voulait que cela cesse. Soudain, un souffle glacé vint lui chatouiller la nuque et elle ne put retenir un cri. Et puis, plus rien. Tout s’arrêta aussi vite que ça avait commencé.

Elle parvint à rejoindre son lit, se réfugia sous sa couette, et, attendant le jour qui ne venait pas, sombra dans le sommeil.

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Sabrina se réveilla de bonne heure, malgré une courte nuit, pour pouvoir réveiller et emmener Elisabeth chez sa grand-mère. Entendant le réveil sonner, elle soupira, se retourna et tendit le bras, les yeux encore fermés, pour l’éteindre. S’étirant et baillant à s’en décrocher la mâchoire, la mère d’Eli se décida enfin à se lever après plusieurs minutes à profiter de la chaleur de son lit.

Elle se leva et alla directement dans la salle de bain afin de prendre sa douche. D’habitude, elle préférait déjeuner avant, mais ce matin elle avait besoin d’un peu d’eau pour se réveiller.

Son peignoir sur le dos, elle sortit de la salle de bain et se dirigea vers la chambre de sa fille. 

Elle tourna la poignée de la porte, et entra discrètement. Mais elle trouva Eli, cette fois encore, fiévreuse dans son lit. La jeune fille haletait et avait l’air au plus mal. Sabrina, inquiète, toucha le front de sa fille et la trouva très chaude.

Sabrina décida de la réveiller tout de même pour l’emener chez le médecin mais impossible de la sortir de son sommeil.

Après plusieurs essais infructieux elle s’assit sur le lit d’Eli, pensive. Sabrina ne comprenait pas : sa fille se réveillait toujours très facilement, mais pas ce matin-là.

— Tant pis, se dit-elle. Je l’amènerai chez le médecin lorsqu’elle se sera réveillée.

La mère d’Eli se releva, et sorti de la chambre.Elle referma la porte et laissa la fillette seule face à ses démons.