Le crépuscule

Elisabeth se réveilla, une fois de plus dans le noir le plus total. Mais elle n’était plus dans son lit. La jeune fille était sur un sol humide et froid, qui ne ressemblait en  rien au parquet de sa chambre. Elle grelottait. Elle serra ses bras contre elle et se mit debout. Elle était totalement aveugle, mais se décida tout de même à avancer. Elle marcha longuement, sans trouver aucun obstacle sur sa route. Elle continua, marchant encore et encore, droit devant elle. Finalement, elle s’arrêta, en pleurs. Elle se sentait perdue. Elle appela sa mère, mais aucune réponse ne lui parvint. Ses sanglots s’accentuèrent et elle mit sa tête dans ses mains. Malgré ses 8 ans, la fillette était très courageuse et se reprit rapidement.

Elle essuya ses larmes d’un revers de la main et se mit à avancer. Elle marcha longuement, droit devant elle, attendant de tomber sur un obstacle, un mur, quelque chose. Mais rien. 

D’un coup, des bruits étranges vinrent troubler le silence qui pesait jusqu’alors. Cela commença avec de petits bruits de pas rapides. Puis des plus lourds se firent entendre, plus lents. Les sons se faisaient plus forts. Ils se rapprochaient. Puis des yeux. Eli vit des dizaines de paires d’yeux qui la regardaient. 

La fillette était horrifiée. Elle se sentait démunie. Que pouvait-elle faire ? Les yeux ne clignaient pas et ne bougeaient plus.

Tout à coup, elle se mit à courir. Le plus vite possible, sans regarder les yeux qui l’encerclaient. Mais au bout de quelques minutes passées à courir, elle se cogna contre une parois dure et froide. Un mur. Enfin ! Elle ignorait toujours où elle était ou comment elle pouvait rentrer chez elle, mais ce mur lui servirait de repère, et c’était le premier et le seul qu’elle avait. Déterminée à fuir ses ombres terrifiantes, elle passa ses doigts sur la surface rugueuse qui constituait le mur et tomba sur du bois, une porte. Mais il n’y avait aucune poignée. Retour à la case départ. Elle commençait à paniquer, entendant les pas se rapprocher dangereusement. Mais elle continuait d’avancer en suivant le mur de la main, lorsqu’elle tomba sur une fenêtre, ouverte. Elle se hissa à la force de ses bras, prenant appui sur la rugosité du mur de ses pieds nus et atterrit à l’intérieur. Elle n’imaginait pas qu’il puisse s’agir d’un autre endroit que chez elle, mais elle savait désormais que sa connaissance des lieux ne lui serait d’aucune utilité pour se repérer.

Se redressant, les bras tendus devant elle, la jeune fille commença à avancer. Elle pouvait sentir les murs et les meubles du bout des doigts. Tout était glacé. Et rien n’était à la bonne place. Mais elle ne perdit pas espoir. Le mur lui servait de repère et elle ne s’en éloigna pas. Lorsqu’elle sentit la rambarde des escaliers, normalement situés au milieu de la pièce, collée contre le mur elle le gravit et arriva devant la porte de sa chambre. Elle le su immédiatement lorsque ses doigts passèrent sur une des gommettes 3D qu’elle aimait tant coller sur la porte, seul endroit où sa mère le tolérait. Elle tourna la poignée avant d’entrer et d’en faire le contour, la main droite toujours collée au mur. Eli ne voulait surtout pas se retrouver dans le noir, perdue au milieu de la maison, comme elle l’avait été plus tôt. Mais elle pu en faire le contour sans rencontrer aucun obstacle. Elle inspira un grand coup avant de s’aventurer, bras tendus, dans le néant. Elle quitta le mur des doigts et commença à marcher. 

Butant contre des meubles, évidemment aucun n’était à la bonne place, elle finit par trébucher. Mais elle se releva aussitôt, continuant d’avancer. Lorsqu’elle atteignit enfin son lit, elle se rendit compte que ce dernier était trempé. Dans cet espèce de rêve dans lequel elle se trouvait, tout était humide, froid. Eli abandonné donc l’idée de se glisser dedans afin de tenter un réveil dans le vrai monde. Celui où il y avait sa mère, des crêpes, mais surtout de la lumière. 

Depuis qu’elle s’était retrouvée dans cet endroit, elle ne pouvait rien voir. Elle était totalement aveugle, ne se repérant qu’à l’aide de ses mains tendues dans le vide, ou effleurant les objets glacés qui l’entouraient. Ne sachant comment retrouver son chemin vers la lumière, Elisabeth ferma les yeux, se concentrant de toutes ses forces afin deretourner auprès de sa mère. Elle lui manquait énormément, surtout dans cet endroit effrayant, dont les bruits feraient sangloter n’importe quel autre enfant. Mais Eli, une fois encore, se ressaisit. Elle allait affronter les bruits et autres créatures qui se trouvaient avec elle, comme elle avait par le passé fait fuir le monstre sous son lit à l’aide d’une veilleuse en forme d’étoile que sa mère l’avait aidée à placer sous son lit. La douce lumière qui s’en échappait avait permit à la rassurer et à l’endormir paisiblement de nombreuses nuits de suite. Mais ici, aucune lumière, aucune veilleuse ne pourrait l’aider. Il lui fallait une autre solution.

Soudain, elle eut une idée. Certes elle ne voyait rien, mais elle pouvait tout de même tenter d’user de ses autres sens pour battre les créatures qui la tourmentaient. Elle mit alors au point un plan. Elle allait utiliser ses gommettes 3D pour se repérer dans la maison, puisque celle-ci était déterminée à changer toutes les pièces et les meubles de place. Eli se mit donc en quête de retrouver ses gommettes, qu’elle trouva étrangement dans le tiroir de sa table de chevet, à leur place habituelle. Elle fit alors le tour de la maison, collant les motifs en relief à des endroits stratégiques, ceux qu’elle pourrait identifier plus tard comme étant l’entrée d’une pièce, ou un obstacle sur sa route. Après avoir longé tous les murs, et marqué tous les endroits importants, elle retourna dans sa chambre.


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